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Suicide d’un jeune sans-papiers de 19 ans après le rejet définitif de sa demande d’asile.

Article mis en ligne le mardi 26 février 2008

SUICIDE d’un SANS PAPIERS de 19 ANS à MEUDON

John Maïna, un jeune kenyan de 19 ans s’est pendu vendredi 15 février dans l’appartement où il était logé par France Terre d’asile à Meudon. Il venait d’apprendre le rejet définitif de sa demande d’asile et, comme il l’explique dans une lettre, il refusait d’être expulsé au Kenya qu’il avait fui il y a deux ans, condamné à mort. Il a préféré mourir plutôt que de rentrer dans un pays en proie à la guerre civile.

Cette guerre civile qui dure depuis deux mois, a déjà fait plus 1000 morts et déplacé plus de 300.000 personnes, après une élection marquée de fraudes. Mais dans certaines régions du Kenya, notamment la vallée du Rift, elle avait commencé depuis longtemps : John Maïna, a été contraint, à 17 ans, d’adhérer à une secte/milice de funeste réputation, les Mungikis. Ayant fui cette secte, il s’est retrouvé "dans une situation perverse avec les membres Mungikis à ma recherche et voulant ma mort et la police qui va me pourchasser en me considérant comme un Mungiki." Un pasteur l’a récupéré et l’a aidé à rejoindre la France le 19 mars 2006.

Le 6 juillet 2007 l’OFPRA (Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides) rejetait sa demande d’asile. Le 21 janvier 2008, la Cour nationale du Droit d’asile, présidée par G. DACRE-WRIGHT rejetait son recours.

Il en a pris connaissance le 15 février et s’est suicidé le jour même, à Meudon.

Le Club d’athlétisme parisien, Championnet Sports, qui le comptait au nombre de ses athlètes performants a fait un communiqué digne : "Nous n’acceptons pas qu’un garçon puisse à l’orée de sa vie d’adulte, dans la patrie des droits de l’homme, être confronté à une telle peur d’être expulsé qu’il ne voie d’autre solution que de se suicider. Nous n’acceptons pas que la France, c’est-à-dire nous-mêmes, renonce à sa tradition de Terre d’asile. Elle a ruiné l’espoir d’un jeune homme qui avait courageusement refusé l’oppression... Nous ne voulons pas que que John Maïna soit mort pour rien."

COLLECTIF DES SANS PAPIERS 92-(CSP 92)
COMITE DE SOUTIEN AUX COLLECTIFS DE SANS PAPIERS 92
RÉSEAU ÉDUCATION SANS FRONTIÈRES 92-(RESF 92)__



Texte lu lors de la marche du 23 février 2008 organisée en sa mémoire :

Nous sommes membres d’un club d’athlétisme, CHAMPIONNET SPORTS, à Paris 18ème. Vendredi 15 février, John Maina, jeune Kenyan de 20 ans, s’est suicidé pour ne pas être renvoyé dans son pays d’origine, suite à l’épuisement de toutes ses possibilités de bénéficier du droit d’asile.

John faisait partie de notre club et s’entraînait régulièrement à nos côtés. Sa mort brutale nous a tous bouleversés.

Elle nous amène aussi à réfléchir en tant que membres d’une association, citoyens français, et en tant qu’humains, sur notre part de responsabilité.

Qu’avons-nous fait, ou pas fait, pour qu’un jeune de 20 ans, dans la force et l’enthousiasme de l’âge, souriant, discret, motivé, avec qui nous courions plusieurs fois par semaine, ait été acculé à accomplir un tel acte ? Quel est le sens de notre devise : Liberté, Egalité, et plus encore Fraternité ?

Nous voulons interpeller les représentants et les garants de nos institutions. Si les réponses sont en partie politiques, ces questions cruciales doivent dépasser les clivages partisans. Nous voulons comprendre.

Nous ne voulons pas qu’on oublie John, notre ami. Nous ne voulons pas qu’il soit mort pour rien.

À l’heure où l’on parle d’honorer la mémoire des morts, pensons aussi aux vivants.

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Vos commentaires

  • Le 9 mars 2008 à 18:02, par nathalie Fournier En réponse à : Suicide d’un jeune sans-papiers de 19 ans après le rejet définitif de sa demande d’asile.

    Comment peut-on accepter qu’un jeune homme de 19 ans puisse en arriver à se donner la mort parceque des lois injustes n’ont pas voulues de lui.Tant de mal autour des sans papiers. Arrêtons vite tout cela avant qu’il ne soit trop tard. Nous nous battons nous aussi, en Vaucluse (sarrians) pour que Youness, jeune marocain de 21 ans puisse être régularisé. C’est le compagnon de ma fille. Je ne veux pas qu’un jour lui aussi en arrive à cet extrême, alors il faut parler et faire savoir ce qui se passe pour que les gens se réveillent.

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