D’entrée de jeu, sur le bord du trottoir, ce matin-là, les femmes de chambre ont proclamé :

 On va grèver !

 Oui, faut courage.

 On va chanter, on va danser.

Tout était là. D’un même geste, elles s’appropriaient l’espace public et défiaient la direction de leur hôtel. Elles s’appropriaient la langue, celle du patron, du colon ou du toubab (le supérieur en wolof ). On a grèvé : qui serait venu leur dire que ça ne se dit pas ?

Avec le soutien du syndicat, les femmes de chambre se sont révoltées contre leur employeur, un grand groupe hôtelier européen, qui ne respecte pas la législation du travail en les payant à la tâche. Denis Gheerbrant les a rejoint sur le trottoir, face à l’hôtel où elles travaillent. Seul avec sa caméra, attentif, il s’intègre au groupe de ces femmes venues du sud.

On est là ! Le cinéaste capte la joyeuse détermination de ces femmes qui, à condition de faire corps, ont la force de dénoncer ce qu’elles subissaient sans mot dire dans leur solitude et leur ignorance.

Faire corps, c’est porter des calicots, occuper l’espace, chanter, danser, faire du bruit, malgré les trois files de voitures qui démarrent au feu rouge d’à côté. Faire corps, c’est aller jusqu’au bout. Ce film est donc un récit, celui du corps des femmes qui se lèvent pour dire ça suffit !

Projection suivie d’un débat en présence du réalisateur, jeudi 5 février, 18h00

5 €, tarifs réduits ou pass disponibles.

Programme complet ici (On a grevé est consultable page 16) :

http://vertigo2.imingo.net/download/Programme_2015.pdf