Une tribune pour les luttes

Comité anti-CASTOR de Tarnac

« Nous aussi, nous irons à Valognes »

+ - Appel au camp antinucléaire de Valognes 22-24 novembre 2011
+ - Communiqué du FSE du 21 novembre 2011
+ - Un compte rendu du Camp de Valognes
+ - Réseau sortir du nucléaire : Suivi du convoi et des mobilisations
et Communiqué du 26/11/2011 "Tout comme la radioactivité, le mouvement antinucléaire ne connaît pas de frontières ".

Article mis en ligne le dimanche 27 novembre 2011

Photo http://valognesstopcastor.noblogs.org/


Six militants antinucléaires arrêtés mercredi 23 novembre pendant les affrontements à Valognes seront poursuivis par la justice.

Ils comparaîtront le 31 janvier et le 7 février au tribunal de Cherbourg pour intrusion sur la voie ferrée, port d’arme ou vol.

Au total douze militants, âgés de 30 à 65 ans, avaient été arrêtés lors des actions contre le transport de déchets nucléaires. Ils avaient été placés en garde à vue mercredi après-midi.


http://groupes.sortirdunucleaire.org/spip.php?page=transports-suivi

Réseau sortir du nucléaire : Suivi du convoi et des mobilisations avec cartes, photos, vidéos, liens.

Communiqué de presse du 26/11/2011

Tout comme la radioactivité, le mouvement antinucléaire ne connaît pas de frontières

Le convoi de déchets vitrifiés allemands poursuit actuellement sa route en direction du Wendland. A 19h ce samedi 26 novembre, il était à Maschen au sud de d’Hambourg. Parti de Valognes, dans la Manche avec une journée d’avance, le convoi a du être arrêté pendant 24h à Rémilly, en Moselle, mettant ainsi en péril la sécurité des habitants et la santé des agents SNCF. Il doit encore parcourir un périple d’une bonne centaine de km pour rejoindre Gorleben. Au vu de la mobilisation en cours, la nuit risque d’être bien longue dans le Wendland...

Le Réseau "Sortir du nucléaire" suit toujours de très près le convoi – point sur la situation à 20h

L’avancée du convoi perturbée grâce à une mobilisation d’ampleur

C’est actuellement une mobilisation d’ampleur qui a court en Allemagne. L’avancée du convoi est ralentie depuis ce matin, par des actions diverses et variées : déballastage des voies à Dahlenburg et à Göhrde, sit-in pacifiques et présence sur les voies à Hitzacker, Metzingen, Possad, Hebenshausen, Dannenberg, Lünebourg. A Harlingen, 2000 personnes tiennent tête depuis des heures face aux forces de l’ordre.

Plus de 25 000 personnes et 500 tracteurs sont également rassemblés dans une ambiance festive à Dannenberg, à proximité du terminal ferroviaire, où un X jaune géant symbolisant la résistance contre les transports et l’enfouissement des déchets a été déployé au-dessus de la foule, ainsi qu’une grande banderole de 10 mètres sur 15 du Réseau "Sortir du nucléaire" affichant en français "Le nucléaire tue l’avenir".

Une mobilisation marquée par une forte solidarité des antinucléaires étrangers

Plusieurs organisations et mouvements étrangers sont venus marqués leur solidarité aux antinucléaires allemands et apporter leur témoignage. A noter la présence remarquée d’une délégation japonaise, ainsi que celle du Réseau "Sortir du nucléaire". Lors d’une intervention saluée par les manifestants allemands, les représentants du mouvement antinucléaire français ont exprimé leur solidarité avec les Allemands et dénoncé les dangers des transports radioactifs, le mythe du "retraitement" des déchets et les projets d’enfouissement en profondeur imposés d’un côté et de l’autre du Rhin. Ils ont également appelé les militants allemands à rejoindre la Chaine Humaine pour sortir du nucléaire que notre association et le groupe "Réaction en Chaine Humaine" organisent dans la Vallée du Rhône le 11 mars prochain, à l’occasion du triste anniversaire de la catastrophe de Fukushima.

De Bure à Gorleben : Enfouir les déchets, une bien mauvaise idée

Une mobilisation réussie, en réponse à l’absence de solutions pour la gestion des déchets nucléaires et à l’absurdité des projets d’enfouissement en profondeur programmés à Gorleben en Allemagne et à Bure en France. Faire ce choix insensé, c’est prendre le risque de contaminer des territoires entiers pour des dizaines de milliers d’années et de léguer aux générations futures un héritage empoisonné.

Ces projets dangereux doivent aujourd’hui être abandonnés. L’exemple de la mine de sel de Asse devrait suffire à dissuader les gestionnaires de ces matières. Des milliers de fûts de déchets dits faiblement et moyennement radioactifs y ont été enfouis - officiellement à titre expérimental - dans les années 60-70. A l’époque, les autorités se voulaient rassurantes. Mais aujourd’hui, la mine prend l’eau et s’effondre, contaminant ainsi de manière irréversible les nappes d’eau souterraines.


Il n’existe pas de "solution" pour la gestion des déchets radioactifs. La seule possibilité qui se présente à nous est d’arrêter d’en produire au plus vite, en sortant du nucléaire. En France comme en Allemagne !


http://laterredabord.fr/?p=11185

26 nov, 2011


Compte rendu du Camp de Valognes

En attendant un communiqué global du camp de Valognes, voici donc déjà un petit compte-rendu.

Des conditions difficiles

Cette mobilisation impliquait un réel effort pour les personnes qui ont fait le déplacement : déjà, le convoi se passant en semaine, il limite forcément les disponibilités (travail salarié et autres obligations).

Sur place, le confort est minimum : le soir, l’air est froid et humide, le champ qui nous accueille se fait de plus en plus boueux au fur et à mesure qu’arrivent les participantEs à l’action. Si les organisateurs n’ont pas ménagés leurs efforts pour aménager l’endroit (installation d’un chapiteau, de tentes pour prendre les repas, des braseros pour se réchauffer…), il n’empêche que vivre sur le camp reste éprouvant.

La sécurité

Dans l’action contre le convoi CASTOR, le camp été une condition indispensable pour garantir la possibilité de lutter : vue la répression policière en place, avec la ferme intention de rendre inopérante toute possibilité d’agir, de pouvoir se rassembler. Des participantEs ont vu des effectifs de policiers à différentes gares sur le trajet.

Le véganisme dans les luttes

Sur le camp, les repas sont assurés par deux cantines vegans, celle de la Zone à Défendre près de Nantes, qui participe à la lutte contre le projet d’aéroport de notre dame des landes, et la cantine Schrus, qui prépare des repas vegans à prix libre pour différents événements militants, et diffuse de l’information sur végétarisme, le végétalisme, l’anti-spécisme et la libération animale.


Convergences des luttes et perspectives

Cette initiative de repas vegans à prix libre pourrait être une base de convergence de luttes pour la libération animale et de la terre.

Cependant, cette perspective n’est pas vraiment conscientisée et formulé dans les différents discours tenus par les individuEs et collectifs présentes sur le camp. La convergence telle qu’elle semble se faire actuellement étant un ensemble de luttes locales (des personnes engagées contre le TAV italien étaient également présentes) où l’union se fait plus sur les pratiques et dynamiques en places que sur des objectifs à atteindre.

Cette mobilisation à valognes mobilisait des individuEs t collectifs aux visions parfois antagonistes sur un point précis, sans vision politique à moyen ou long terme. Ainsi, à l’assemblée générale du mardi soir, l’évocation des solutions envisagées pour sortir de l’énergie atomique faisaient surgir les divisions.

Un autre problème était sur ce camp la difficulté d’ancrer localement la lutte, difficile de mobiliser sur la question du nucléaire quand le secteur est un gros employeur dans la région. En revanche, l’accueil des habitants rencontrés lors de l’action était très positif, une personne ayant par exemple préparé du café pour les gens qui sortaient d’un champ bombardé de grenades lacrymogènes.

Préparatifs et début de l’action

Pendant la nuit, des personnes surveillent l’activité autour du terminal pour parer à tout départ avancé du train. Le réveil est fixé vers les 5 heures du matin, après un petit déjeuner rapide, les personnes présentent sur le camp se rassemblent et s’organisent par groupes affinitaires.

Nous prenons un sentier qui évite les éventuels barrages policiers. Au dessus, un hélicoptère nous suit déjà.

Arrivé dans un champ, nous sommes à une dizaine de mètres des voies, les CRS y sont postés et nous attendent. Ils commencent à balancer rapidement des grenades lacrymogènes et assourdissantes, cherchant à priori à disperser les personnes à travers les champs, en isoler certainEs.

La brume se mêle aux nuages de gaz lacrymogène. Il est difficile de se coordonner globalement, les initiatives se font au niveau des groupes affinitaires. La tension monte au fur et à mesure que tombent les grenades lacrymogènes. Nous nous réfugions dans un champs voisin.

Des animaux pris dans les hostilités

Des vaches reçoivent également les gaz lacrymogènes, s’agitent devant le flot de personnes qui débarquent devant elles.

Dans l’édition de la presse de la Manche du lendemain, le maire de Flottemanville-Bocage déclarait « Les vaches ont passé deux heures sous les gaz lacrymogènes ; il a des risques d’irritation, et le stress n’est pas bon pour le lait » (vision classique du «  bien être animal », ou les animaux sont considérés d’abord pour ce qu’ils «  produisent »…).


Différentes stratégies d’action

Les CRS continuent leur offensive et nous contraignent à évacuer le terrain en passant par le potager d’une maison. Dans un autre champs, le temps passe avec un face à face avec les gendarmes mobiles qui relayent les CRS. La tension retombe pendant que le jour achève de se lever.

Ce temps permet de pouvoir échanger entre-nous. Des clowns activistes vont entamer une discussion avec un gendarme présent sur la voie. Assister à leur intervention permet d’évacuer un peu le stress.

Des petits groupes de personnes essayent différentes stratégies (lancer des branchages, ouvrir des passages dans la haie près de la voie, faire diversion avec différents déplacements…).

Il n’y a pas de véritable unité dans l’action cependant. Vers midi, les CRS reviennent et avancent vers nous. Des gens se postent près de l’habitation traversés, ils seront rapidement chargés par les CRS. Pendant ce temps, le champ est bombardé de grenades lacrymogènes.

Nous battons en retraite près des habitations, le nuage de gaz CS (lacrymogène) remonte sur des dizaines de mètres dans la rue. Des personnes disposent à la hâte des pneus qu’ils enflamment pour bloquer la route aux policiers.


La pression policière

Nous nous postons à un champ où une AG est rapidement tenue, le temps de manger rapidement et décider de la suite. Arrive un camion frigorifique identifié rapidement comme ravitaillement pour les CRS. Il se fera caillasser.

Nous évacuons la zone, anticipant une très certaine répression, et rejoignons le camp à travers champs. CertainEs reprennent le chemin des voies pour continuer la lutte.

De retour au camp se succéderont les rumeurs et différentes informations sur les personnes interpellées puis relâchées, l’éventualité aussi d’une perquisition du camp qui finalement n’arrivera pas (même si à priori des dispositions avaient été prises pour la rendre possible du côté de la préfecture).

Difficile le soir d’avoir les idées claires, l’assemblée générale du soir sert avant tout à s’informer du sort des personnes retenues en garde à vue. La décision est prise de rester ensemble pour la nuit pour éviter aux individuEs isoléEs de se faire interpeller.

Démontage du camp

Le matin, chacunE aide au démontage du camp, l’occasion d’échanger avec des compagnons de luttes que l’on avait juste croisé pendant l’action, en attendant de se retrouver peut-être pour d’autres mobilisations.


Le train de déchets nucléaire CASTOR ne passera pas comme ça !! Tous et toutes à Valognes du 21 au 24 novembre !!

21 novembre 2011

Depuis quelques dizaines d’années, l’énergie nucléaire est venue à grand pas sur le devant de la scène énergétique, notamment et surtout en France.

L’incorporation du «  changement climatique » dans le discours dominant y est pour quelque chose. Le nucléaire serait LA solution énergétique faiblement émettrice de CO2, l’un des principaux gaz à effet de serre. Mais l’énergie nucléaire n’est absolument pas efficace pour réduire ces émissions : elle n’est pas une énergie renouvelable et équivaut (si ce n’est pire) à l’énergie des combustibles fossiles au niveau des dégâts qu’elle cause, si l’on prend en compte toutes les étapes nécessaires à la production de l’énergie électrique dans une centrale, depuis l’extraction d’uranium, son enrichissement et son transport à travers la planète, la construction et le démantèlement des bâtiments (quand on sait le faire), ainsi que la transformation, le transport et le stockage des déchets nucléaires.

Les centrales nucléaires elles-mêmes relâchent des quantités inconnues de gaz à effet de serre bien plus puissants que le dioxyde de carbone, comme les chlorofluorocarbones et hydrofluorocarbures, dangereux pour la couche d’ozone, et l’hexafluorure de souffre, l’un des gaz à effet de serre les plus puissants. Les émissions produites par les centrales vont croître avec le temps, alors que la déplétion des sources d’uranium va causer une augmentation de la quantité d’énergie pour extraire la même dose d’uranium utile.

Si toute l’énergie produite à partir de combustibles fossiles était remplacée par du nucléaire, les ressources d’uranium économiquement viable s’épuiseraient en 3 ou 4 années maximum.

D’autre part, l’industrie du nucléaire provoque le problème des déchets radioactifs. Il était présenté comme un problème d’intendance annexe résoluble en temps utile. Or, à partir de la fin des années 1980, et notamment à partir de 1993, le camouflage en profondeur des déchets devait permettre, avant tout, de continuer à moindre prix, puisque qu’à cette date les Etats se sont vus interdire le fait des jeter des fûts en pleine mer par bateau (fûts qui s’ouvraient en quelques années par corrosion), qui n’empêche en rien le rejet direct à la mer d’éléments radioactifs (ex : usine de retraitement de déchets à La Hague).

Mais, dans un contexte de méfiance généralisée à l’égard du nucléaire, cette méthode a immédiatement soulevé une opposition farouche des populations concernées. Pour la France, la région de Bure (Meuse et Haute-Marne) est choisie comme «  laboratoire de chantier ». Malgré l’opposition massive de la population de la région (conclusion du débat public organisée en 2005), des déchets de haute activité radioactive, qui pour certains possèdent une durée de vie de plusieurs millions voire milliards d’années (ex : Uranium 238), vont y être enterrés. Personne ne sait, et ne peut affirmer, combien de temps les fûts de déchets resteront étanches. Par contre, on en connaît la radioactivité. La question des déchets correspond au maillon faible de l’industrie nucléaire, et les nucléocrates ne savent toujours pas comment s’en débarrasser.

Ce mercredi 23 novembre, un train de déchets nucléaire CASTOR (Cask for storage and transport of radioactive material) partira de La Hague (usine de retraitement de déchets nucléaires) pour aller au centre d’enfouissement de Gorleben en Allemagne. Un nombre grandissant d’organisations et de collectifs se joignent à un appel national à bloquer ce train de manière collective, comme les allemands le font depuis plusieurs années déjà.

Un camp antinucléaire aura lieu les 21, 22 et 23 novembre près de Valognes, afin de s’organiser collectivement pour la journée du 24 novembre, jour du départ du train.

La FSE se joint à l’appel, et incite le plus grand nombre à y participer, en considérant que ce blocage n’est pas une fin en soi, et qu’il doit constituer un point d’amorce afin de reconstruire une mobilisation antinucléaire, anticapitaliste et pour l’arrêt immédiat digne de ce nom, à l’heure où plusieurs Etats abandonnent le nucléaire.

N’oublions pas que le nucléaire participe à l’accélération du système capitaliste de centralisation énergétique, de rapports impérialistes des pays les plus riches sur les pays les plus pauvres (passant notamment par des soutien à des dictatures comme au Niger par exemple), de contrôle généralisé des populations, du risque permanent (l’accident de la centrale de Fukushima est là pour nous le rappeler), et de surconsommation.

Pour plus d’information : valognesstopcastor chez riseup.net



Le texte d’appel au camp :

http://valognesstopcastor.noblogs.o...


14 novembre 2011

Comité anti-CASTOR de Tarnac

« Nous aussi, nous irons à Valognes »

Fukushima, c’était il y a huit mois. Il n’y a pas de « retour à la
normale
 » après une catastrophe nucléaire. Il y a un nouvel état du
monde, une nouvelle géographie du ravage dont l’information régnante
voudrait que l’on s’accommode, par la force des choses. Le spectacle des
explosions de Fukushima offert en live streaming à la planète entière,
les dépêches sans queue ni tête livrées d’heure en heure à l’avidité des
peuples obéissent à la même logique qui commande aujourd’hui le plus
complet silence sur les conséquences de la catastrophe. Qui sait que le
Japon a mis à l’arrêt à ce jour 44 de ses réacteurs, que seuls dix
fonctionnent encore et qu’à Tokyo on préfère désormais les coupures
d’électricité aux merveilles de l’atome ? Qui se soucie que 90 % des
enfants naissant actuellement dans la zone contaminée autour de
Tchernobyl soient frappés de tares génétiques ? La vie est assez dure
comme ça pour s’épargner d’avoir, de surcroît, conscience de son
horreur. Les pays les plus nucléarisés sont ceux où l’on se rebelle le
moins contre le nucléaire. Les prisonniers finissent généralement par
aimer leur geôlier, pour peu qu’on les résigne assez à leur sort.

Dans l’ambiance de fin du monde, d’apocalypse symbolique,
d’effondrement généralisé où nous baignons présentement, le nucléaire
fonctionne comme un verrou sur la situation politique. C’est un ciel bas
et lourd qui pèse comme un couvercle sur toute idée de bouleversement.
Ce qui est en jeu là, ce n’est évidemment pas la révolution, tout juste
sa possibilité. D’autant plus cette société épuise le peu de crédit
qu’il lui reste, d’autant plus le réseau de centrales qui enserre le
territoire nous fait l’effet d’un corset, d’une camisole. Comment un
régime qui ne s’aventure plus à faire de promesse pour l’année suivante
ose-t-il produire des déchets radioactifs pour encore cent mille ans ?
Comment ignorer que la dépendance énergétique où l’on nous tient, et la
sorte de chantage qui l’accompagne, réduisent à l’insignifiant toutes
nos prétentions à la liberté ? Il y a quelque chose de morbide dans
l’investissement libidinal dont l’Etat français a couvert ses centrales
et ses bombes à neutrons. A mesure que gouvernements étrangers et
capitalistes éclairés font savoir l’un après l’autre leur intention de
renoncer au nucléaire, la France préfère se dire que si elle est de plus
en plus seule dans son impasse, c’est simplement qu’elle est la
meilleure. Alors que l’EPR est en bonne voie pour égaler Superphénix
dans la catégorie des folies furieuses, EDF dévoile à présent son
intention de relancer la surgénération. C’est un spectacle atterrant
qu’un tel déni du réel, une telle imperméabilité à l’expérience, une
telle façon d’exposer au monde entier ses verrues comme un titre de
gloire.

Trois ans se sont écoulés depuis ce 11 novembre où la Sous-Direction
Antiterroriste a trouvé bon d’investir le village de Tarnac et quelques
autres domiciles en France, afin d’y arrêter une dizaine de personnes.
Renseignements pris, nous avons fini par acquérir une idée assez précise
de l’étonnante convergence d’intérêts qui a amené à ces arrestations. On
arrive, selon le fil que l’on tire dans cette bobine, à d’obscures
barbouzes grenouillant dans la « sécurité », à des services secrets
agissant « informellement » à l’échelle européenne, à des conseillers du
prince en veine de reconnaissance, à de vieux fachos ayant accédé aux
ministères dans le sillage de Sarkozy et jugeant que l’heure était enfin
venue de prendre leur revanche sur les gauchistes. On y trouve aussi les
intérêts bureaucratiques bien compris d’ex-RG mis à mal par la fusion
avec la DST au sein de la DCRI et les éternelles ambitions
ministérielles de Michèle Alliot-Marie. Pour faire bonne mesure, on
n’oubliera pas le rôle joué par l’infiltré britannique Mark
Kennedy-Stone et l’effet des habituelles rivalités dont les milieux
radicaux sont, au même titre que n’importe quel autre milieu, le siège
détestable. Mais si l’on s’en tient aux faits, et non à leur cause, ce
qui a fini par nous sauter aux yeux, c’est ceci : l’affaire de Tarnac
fut d’abord une tentative forcenée, et à ce jour réussie, pour contenir
aux frontières l’extension du mouvement anti-nucléaire allemand. Toute
l’opération aura consisté à travestir une action de blocage de trains
revendiquée par un groupe anti-nucléaire allemand et exécutée par une
méthode assez usuelle et assez sûre – les fameux « crochets » - pour
avoir été employée jusqu’à une centaine de fois en une seule année de
l’autre côté du Rhin sans jamais blesser quiconque, en un « acte
terroriste » immotivé visant à faire dérailler des trains. Il aura suffi
pour cela, d’un côté, d’occulter la revendication allemande transmise
dès le 9 novembre 2008 par Interpol, et de l’autre de faire le plus de
bruit possible autour de l’arrestation d’un groupe que l’on avait depuis
longtemps dans le viseur. Comme l’assassinat de Vital Michalon lors de
la manifestation de Malville en 1977, comme les tendons tranchés
volontairement, l’année dernière, aux militants du Groupe d’Action
Non-Violent Antinucléaire (GANVA) qui s’étaient enchaînés sur la route
du train de transport de déchets ultra-radioactifs CASTOR (CAsk for
Storage and Transport Of Radioactive material), l’affaire de Tarnac
témoigne de la nervosité pathologique qui atteint l’Etat français dès
que l’on touche à la question nucléaire. Il est vrai qu’il a sur ce
point des décennies de mensonge et des milliers de morts à faire
oublier.

Cette année que se prépare, pour la première fois peut-être, une
action de masse pour bloquer à son point de départ, le 24 novembre
prochain à Valognes (Manche), le train CASTOR, nous ne pouvons décemment
manquer le rendez-vous. Nous devons bien cela à l’Etat français, et à
ses nucléocrates. Et il serait malséant, après Fukushima, qu’il y ait 50
000 Allemands pour le bloquer à son arrivée à Gorleben, et personne
pour l’entraver en France. Alors que huit nouveaux trains de déchets
provenant de Hollande doivent bientôt traverser les gares de RER
franciliennes pour rallier La Hague, nous devons donner raison au
collectif Valognes Stop Castor (http://valognesstopcastor.noblogs.org/
*) : «  La question des déchets constitue le maillon faible de
l’industrie nucléaire, et l’illustration la plus frappante du scandale
qu’elle est dans son ensemble
 ». C’est donc là qu’il faut l’attaquer.
C’est là qu’il faut, à quelques milliers, lui porter un coup décisif.
Polluer, c’est toujours s’approprier. En polluant pour les cent mille
ans qui viennent, l’Etat nucléaire s’approprie tout futur pensable et
toute vie possible. Nous sommes le futur. Nous sommes la vie. Nous
arrêterons les centrales. Tous à Valognes !

Comité anti-CASTOR de Tarnac

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Le texte d’appel au camp :

http://valognesstopcastor.noblogs.o...

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