Une tribune pour les luttes

Guide de survie en société sociale-libérale

Accès aux droits sociaux : version béta d’un guide militant

Attraper au mieux les miettes que l’Etat et les patrons nous laissent

http://paris.indymedia.org/IMG/doc/guide_droits_sociaux.doc


Accès aux droits sociaux : version béta d’un guide militant
vendredi 17 juin 2011

Comme il y a des messages concernant l’accès aux droits sociaux (voir "Interdit de RSA car moins de 25 ans : arrachez en la moitié par une ruse" et "De la légitimité de frauder les minima sociaux et de quelques conseils partiels"), je mets en ligne un travail non achevé de rédaction d’un guide des droits et des bonnes raisons de ramasser les miettes qu’on nous laisse.

Le guide présente les droits, quelques astuces et quelques gaffes à éviter afin d’avoir la paix et de pouvoir continuer à faire ce qu’on veut par ailleurs.

Le projet a un an et n’a jamais été totalement achevé. Il a impliqué plusieurs personnes. En espérant qu’il puisse déjà servir à certains et qu’il soit réutilisé, complété, enrichi, amendé par ceux que ça tente (par exemple la CIP qui prépare un guide parait-il, libre à eux de reprendre ce qui leur semble utile).

http://paris.indymedia.org/spip.php?article7387


Pourquoi se servir des miettes qu’on nous laisse ?

La terre appartient aux riches ou à l’Etat, l’outil de travail appartient aux patrons qui décident de là où on bosse et de comment on bosse. Si vous êtes mal né, le seul destin social que l’Etat et les patrons vous souhaite est de devenir leurs salariés, soit la perspective riante de mener une vie de chien asservi à l’emploi, pour pas grand-chose en espèces sonnantes et trébuchantes, petite vie écrite d’avance.
Vous êtes nés dans un monde déjà là, avec ses tares, vous n’avez pas choisi et on ne vous laisse pas beaucoup de choix. Si vous n’avez pas l’âme d’un braqueur de banque ni les ressources pour vivre totalement en dehors du système, il ne vous reste que la solution de vivre des miettes que l’Etat et les patrons vous laissent et éventuellement de faire des choses à coté contre ce monde.
Les miettes vous pouvez les prendre, c’est même un infime acompte sur ce que cette société vous doit pour les conditions de vie qu’elle vous impose et le monde qu’elle vous laisse, les prendre ne vous oblige pas à vous taire ni à renoncer à détruire cette société. Il est juste de cracher dans la soupe qu’on est obligé de manger, plutôt que de faire semblant qu’elle est bonne, alors qu’en fait elle est dégueulasse.

Malheureusement, l’Etat et les patrons ne l’entendent pas de cette oreille, ils n’envisagent pas de vous laisser des miettes de droits sociaux parce qu’ils vous les devraient, ils ne le font que dans l’espoir que vous fassiez allégeance à la société en cherchant et en trouvant du travail et un logement dont vous payerez le loyer. Les miettes, ils les laissent que pour avoir une prise sur vous. Ils vont tout mettre en œuvre pour que vous deveniez normaux : les thunes des droits sociaux vont avec des surveillances, des accompagnements, des sollicitations, des injonctions, des punitions…
D’où la nécessité de ce guide, pour éviter des gaffes, exploiter au mieux ce qu’ils appellent des « droits » et qui ne sont que des miettes données sous condition, trouver dans le groupe le pouvoir de se défendre.
Un des paradoxes de ce guide est qu’il indique en priorité toute les options légales pour gratter quelque chose, alors que pendant ce temps l’expérience montre que l’Etat, les collectivités et les fonctionnaires hargneux qui appliquent les droits sociaux s’essuient les pieds joyeusement sur les lois en vigueur dans le but de serrer un peu plus la corde au cou à ces fainéants d’assistés. C’est en fait une situation à front renversé dans lequel ceux qui conchie la loi et l’Etat ont tout intérêt à mettre celui-ci devant ses propres manquements à la loi qu’il s’est donné. Etre plus légaliste que l’Etat en somme (mais pas tout le temps et pas dans tous les cas), car si l’argument juridique marche mieux dans certains cas que d’autres tactiques moins légales, autant s’en servir. Il s’agit ici d’être pratique, pas dogmatique. Après, quand ça ne marche pas, il reste l’action de groupe, qui marche aussi dans d’autres cas (occupation du Pôle Emploi, occupation du service RSA, occupation de la CAF).


Qu’est ce qu’être précaire ?

Se définir comme précaire, c’est avoir compris que le Fordisme est mort. Il reste quelques salariés en CDI et à temps plein, dans des secteurs qui ne sont pas menacés par les plans sociaux, pour qui le combat syndical contre un employeur a encore un sens. Eux qui ont été domestiqué durablement par le salariat peuvent continuer à se battre dans l’entreprise pour leurs conditions de travail et leur rémunération, c’est leur problème et sans doute leur lutte légitime dans la situation sociale dans laquelle ils sont placés. Comme ils sont des salariés stables, ils encore tendance à croire que le travail est une valeur et que leur patron leur accorde une valeur, on peut leurs laisser leurs illusions, ce n’est plus notre problème car de toute façon ces salariés là sont une espèce en voie de disparition.
Car parler de statut salarial stable (CDI, temps plein) a de moins en moins de sens, voir n’en a aucun, pour des jeunes, pour des intermittents du travail, pour des réfractaires à la farce salariale comme pour le management actuel des entreprises post-fordistes. 70% des offres d’emploi proposées par Pôle Emploi sont des offres en CDD ou en intérim. Pas mal d’autres offres sont à temps partiel. Le nombre d’auto-entrepreneur explose notamment parce que des employeurs disent aux pigistes, aux graphistes, aux salariés en fin de CDD, aux petites mains qu’ils exploitent ponctuellement « mettez vous en auto-entrepreneur, sinon on ne bossera plus avec vous ». De plus en plus d’employeurs veulent des salariés jetables n’importe quand, ils veulent des salariés (de fait) qui sont (en droit) leur propre patron (auto-entrepreneur), ils veulent aussi puiser dans un stock de main d’œuvre inoccupée ou en sous-emploi chronique, et cela change complètement la forme du rapport capital/travail. Pour un précaire, il n’y a plus d’employeur particulier, il n’y a plus d’adversaire à l’intérieur de l’entreprise, car le précaire circule d’un emploi et d’un patron à un autre et se contrefout de l’entreprise et du travail, le précaire n’est pas un salarié qui croit au travail, il est successivement un assisté, un chômeur indemnisé par Pôle Emploi et, quand il n’y a pas le choix et faute de mieux, un salarié dont l’identité reste foncièrement étrangère à l’entreprise dans laquelle il ne fait que passer et qui le laisse indifférent.

C’est l’avènement du précariat qui rend centrale la lutte pour gratter le maximum de droits sociaux. La où le salarié stable lutte pour son salaire, quitte à accepter la subordination salariale, le précaire lui lutte pour sa thune et pour son temps libre. Là où le salarié stable se bat dans l’entreprise pour gratter quelque chose à son patron (par la grève, par le vol de fourniture), le précaire lui se bat partout et surtout à l’extérieur de l’entreprise, par la récupération de droit et par ce que l’Etat appelle la fraude (et ce que nous on appelle la survie). La où le salarié stable fait grève ou tire au flanc dans sa boite, le précaire lui glande, vit pour lui et fait semblant de chercher du travail. La richesse du précaire, son identité, c’est le temps qu’il récupère pour lui en grattant des droits sociaux. Contrairement au salarié stable, ça ne peut pas être le salaire que le précaire gratte, parce qu’en tant que précaire il est destiné par les entreprises à être un travailleur d’appoint, mal payé et avec des revenus irrégulier, mais aussi parce qu’il n’a aucune raison de croire au travail.
Autrement dit le précariat et le post-fordisme déplacent la lutte de l’entreprise vers la société, et l’adversaire du précaire, ce n’est plus un patron en particulier mais tout le patronat, c’est aussi l’Etat qui ne veut pas lâcher de miette, et les partenaires sociaux qui ne veulent pas allonger les périodes d’indemnisation chômage et donner le droit de ne pas chercher de travail une fois qu’on a réussi à se reconstituer des droits au chômage. La lutte du salarié stable, c’est de gagner plus, la lutte du précaire, c’est d’avoir à en faire le moins possible.
C’est aussi pour cela qu’il faut un guide des droits sociaux et que se constitue des groupes de précaires et chômeurs pour se défendre collectivement.

Limites du guide (au 1/06/2011)
Les chiffres et montants datent de 2010.
Des éléments du droit au logement ne sont pas traités (DALO)
Les questions de droits liés au handicap ne sont pas traitées
Divers droits liés aux risques sociaux relevant de la sécurité sociale (maladie, invalidité, accident du travail et maladie professionnelle, maternité, vieillesse, décès) ne sont pas traités.
La liste des orga ressources n’est pas complète.
Ca manque d’exemple de pratiques et de tactiques qui marchent.

guide_droits_sociaux
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